EXTRAIT :

   RÉSUMÉ


« Un jour seulement le pourquoi s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d’étonnement. » L’individu prend alors conscience de l’écoulement du temps, de l’étrangeté du monde, de son hostilité primitive, ainsi que de l’aspect mécanique de ses gestes, et s’aperçoit que tout le monde vit en ignorant la mort. Selon Camus, le même constat peut être fait sur le plan intellectuel : l’homme remarque qu’il est dans un scepticisme absolu quant à la connaissance du monde et de lui-même. Alors, il se demande : « La vie vaut-elle ou non d’être vécue ? » Alors qu’il réfléchit à l’absence de sens de la vie et au caractère insensé de l’agitation quotidienne des hommes, Camus en vient à définir l’absurde : il s’agit de la privation pour l’homme du souvenir d’une patrie perdue ou de l’espoir d’une terre promise. Plus simplement, l’absurde désigne le sentiment d’étrangeté que ressent l’homme par rapport au monde dans lequel il vit. Mais l’absurdité de la vie exige-t-elle qu’on lui échappe par l’espoir ou par le suicide? Camus analyse alors une série de philosophies existentielles qui ont attaqué la raison et se sont tournées vers une pensée religieuse : celles de Martin Heidegger (1889-1976), de Karl Jaspers (1883-1969), de Lev Chestov (1866-1938), de Søren Kierkegaard (1813-1855) et d’Edmund Husserl (1859-1938). L’auteur estime que leur point de départ est bon, mais que ces penseurs procèdent, pour finir, à ce qu’il qualifie de suicide philosophique : il s’agit de la solution de fuite dans le religieux. Pour le philosophe existentialiste Chestov, par exemple, la raison est vaine et il y a quelque chose au-delà : il préconise donc de faire un saut dans l’irrationnel. Or Camus refuse d’en arriver là et d’en appeler à un Dieu qui n’existerait que par la négation de la raison humaine. Selon lui, le fait de chercher une signification à l’existence hors de la condition humaine rend l’homme incapable de comprendre sa liberté, puisque celle-ci lui serait donnée par un être supé- rieur. Plutôt que se tourner vers le religieux, l’auteur recommande la révolte. Celle-ci consiste à maintenir la fracture entre le monde et l’esprit de l’homme par une conscience lucide, toujours en éveil, qui vit l’absurde. C’est la seule position philosophique cohérente. Cette présence constante de l’homme à lui-même, cette conscience toujours tendue, exclut donc le suicide. Confronté à l’absurde, l’homme apprend qu’il n’y a pas de lendemain et qu’il est libre. Ainsi, l’absurde le pousse à réaliser la plus grande quantité d’expériences, tout en lui enseignant que toutes les expériences sont indifférentes. L’absurde a ainsi trois conséquences : la passion, la liberté et la révolte. Par conséquent, Camus privilégie trois sortes d’attitude qui sont des illustrations du mode d’existence qu’il vante :


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fadilokl

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