PRÉFACE
Depuis toujours, les processus
de décision d’investissement ont eu recours aux principes du calcul économique.
De tels principes suggèrent que le décideur, avant toute action économique,
doit d’abord chiffrer l’ensemble des conséquences financières et plus largement
sociales de son acte pour en démontrer l’efficacité. Il résulte de ce postulat
une abondante littérature économique et de nombreux ouvrages que l’on désigne
sous le corpus théorique de sciences de la décision ou de l’aide à la décision.
En conséquence, élaborer un guide méthodologique pour la décision
d’investissement, c’est d’abord sélectionner et hiérarchiser l’ensemble des
techniques et des modèles qui sont proposés au décideur lorsqu’il se trouve en
présence d’options multiples afin de réaliser un objectif précis dont la
rentabilité doit être prouvée. Une telle sélection des critères pertinents ne
peut se faire à l’heure actuelle sans la prise en compte d’un certain nombre de
facteurs essentiels.
En premier lieu, l’environnement institutionnel dans lequel s’opère le choix des investissements. À cet égard, la place du projet dans l’entreprise ou dans l’organisation devient un élément fondamental de la prise de décision : organisation matricielle, projet autonome, projet contraint par des données sociétales… En second lieu, l’émergence d’une économie fondée essentiellement sur l’innovation et plus largement sur le développement des connaissances crée de nouvelles contraintes qui rendent particulièrement hasardeuse l’utilisation de critères de choix simples, même s’ils gardent leur vertu pédagogique. Les processus actuels sont d’ordre séquentiel et aléatoire. À noter, en particulier, que la rationalité attendue de certaines méthodes peut avoir de nombreux effets pervers à long terme. Le secteur du développement durable est un bon exemple à cet égard. En dernier lieu, l’accroissement important du poids des activités financières dans le cadre des organisations publiques ou privées, tant du point de vue national qu’international, a conduit à l’émergence puis à la confirmation de nouvelles logiques en matière de décision économique qu’il est indispensable d’intégrer dans des modèles fondés au départ sur une vision réelle de l’activité.
Ces remarques montrent tout l’intérêt de l’ouvrage réalisé par Nathalie
Taverdet-Popiolek qui nous propose une excellente synthèse opérationnelle des
courants actuels des sciences de la décision en matière de choix des
investissements. Notons pour terminer que l’ensemble des concepts du calcul
économique ont été élaborés à partir d’une confrontation permanente entre
théorie et pratique du terrain, entre académiques et praticiens. On doit donc
créditer cet ouvrage de laisser une place importante aux exemples concrets et
aux études pratiques très récentes.
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