Extrait :

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Élise


L’appartement est exigu, mais bien situé. Le métro se trouve à deux pas, le commissariat à trois rues et l’hôpital à cinq minutes. Seule la gare Montparnasse est un peu loin. J’ai défait tous les cartons, nettoyé les sanitaires, monté les meubles, collé le nom sur la boîte aux lettres, j’attaque l’organisation de la vaisselle en me remémorant le précédent déménagement. C’était un samedi, au mois d’août. Il faisait chaud et, sur la porte de l’ascenseur parfumé à l’urine, le dessin d’un énorme pénis nous saluait. Thomas avait gloussé tout au long de l’ascension vers le quatrième étage, Charline avait regretté de ne pas être allée vivre chez son père. Il avait huit ans, elle douze. Avant même de monter les meubles, j’avais décoré leurs chambres. De jolies couleurs aux murs pour étouffer le traumatisme du divorce. Thomas avait choisi un papier peint parsemé de vaisseaux spatiaux, Charline avait opté pour une peinture parme. Le vendeur du magasin de bricolage nous avait mis en garde : afin d’éviter les inhalations d’émanations toxiques, il fallait bien aérer les pièces pendant au moins quarante-huit heures et, si possible, ne pas y dormir. Nous avions donc passé deux nuits sur nos matelas posés à même le sol de notre nouveau salon. Mon fils lové dans le bras gauche, ma fille blottie dans le bras droit. Ce camping improvisé figure parmi mes souvenirs préférés. Je range les assiettes lorsque Thomas apparaît dans l’encadrement de la porte. Sa tête touche presque le haut.
– Mam, t’as pas vu mon chargeur ?
– Posé sur le frigo. Tu n’as pas faim ?
– Un peu, fait-il en haussant les épaules

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fadilokl

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