EXTRAIT:

L’avion atterrit. Anne plane encore.
— C’était fantastique, n’est-ce pas ?
Marie range son livre, son iPod et son carnet de notes dans son sac. Ils ne lui
ont été d’aucune utilité ; elle n’a pas pu se concentrer. L’anxiolytique a
transformé sa voisine : Marie a passé le trajet à l’écouter s’extasier sur les
magnifiques nuages, les fabuleux oiseaux, le délicieux café, les somptueuses
ailes de l’avion. Le personnage est plutôt sympathique, et le temps a passé plus
vite, mais par moments elle a été tentée de lui proposer un deuxième comprimé,
histoire de l’envoyer rejoindre Morphée.
Anne frotte ses mains sur ses cuisses. Elle se sent engourdie.
— Merci pour le cachet, dit-elle en souriant béatement.
— Je suis contente si ça vous a aidée.
— Je ne vous ai même pas demandé… Quelle malpolie je fais ! Vous venez à
Marseille pour des vacances ?
— Oui, on peut dire ça…
— Moi aussi. Je pars en croisière. Trois mois sur un paquebot alors que j’ai
le mal de mer, c’est une idée saugrenue, n’est-ce pas ?
Marie se met à rire.
— Je crois qu’on va au même endroit !
— Ah bon ? Vous faites la croisière « Tour du monde en solitaire » ?
— Oui, c’est fou, cette coïncidence !
— C’est vrai, c’est drôle, répond Anne. Le hasard…
— Je vous souhaite un bon voyage alors ! On se croisera peut-être sur le
bateau.
— Bon voyage à vous aussi. J’espère que vous y trouverez ce que vous êtes
venue chercher.
En sortant de l’aéroport de Marseille, Marie prend une longue inspiration.
L’air est le même ici qu’à Paris ; pourtant il y flotte une bonne odeur de liberté.
Son premier réflexe est de plonger la main dans son sac à la recherche de son
téléphone. Elle doit prévenir ses filles qu’elle est bien arrivée à la première
étape. Quelques secondes lui sont nécessaires pour se souvenir qu’elle ne l’a pas
pris. Avec lui, elle aurait eu un fil à la patte et se serait sentie obligée de donner
et prendre des nouvelles. Elle a besoin de déconnecter. En cas d’urgence, ses
filles savent où la joindre. Le reste attendra qu’elle sache quelle direction donner
à sa vie.

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fadilokl

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